Roland Kessler
Témoignage personnel de Roland kessler
Au temps de Keops
Je développerai certainement cela un jour où je serai plein de courage et tant qu'Alzeimher restera pour moi un sujet de plaisanterie...
Cela dit, pour narrer brièvement l'historique de la première société française inscrite au registre du Commerce sous le label « imagerie électronique de synthèse », il faut remonter à la fin des années 1970, dans les locaux des Éditions Philippe Auzou. Ce petit éditeur (par la surface financière) vient de publier un ouvrage inimaginable pour d'autres que lui, à savoir « L'Encyclopédie des Sciences et Techniques en bandes dessinées » : 9 volumes ! Et puisqu'il n'est pas à un projet fou près, il évoque avec son rédacteur en chef Roland Kessler la possibilité d'adapter cet ouvrage en dessins animés pour la TV ! Guère moins rêveur, ce dernier prend cela au sérieux et fait tout de suite appel à son copain Thierry Vilar pour étudier la chose en tant que directeur artistique.
Et des contacts sont pris avec diverses personnalités de la production audiovisuelle, jusqu'à ce grand réalisateur qu'était Monsieur Denys de la Patellière... Parmi les gens contactés, un jeune spécialiste des effets vidéo, François Helt. Un beau soir du début 1981, voilà nos trois compères qui se retrouvent à boire le dernier verre après une enième réunion exploratoire, et François se lance dans une extraordinaire démonstration sur ce que vont devenir les effets spéciaux en vidéo grâce à l'informatique ! Un théoricien « Professeur Nimbus », pionnier de l'ordinateur Apple (pas encore MacIntosh), expliquant l'avenir de la vidéo à deux (bons) techniciens des arts graphiques quasi-totalement ignorants des choses de l'informatique et de la TV (sauf en tant que téléspectateurs) : de questions candides en réponses plus ou moins fumeuses, mais toujours enthousiastes, l'idée prend corps de fonder une société qui doit concrétiser, selon une formule qui nous fait encore bien sourire aujourd'hui, « l'heureux mariage de la vidéo et de l'informatique »! Il faudra un an pour que soit enregistrée en juin 1982 Image Intégrale, les trois fondateurs ayant été hébergés jusque-là par la société du regretté Roger Louis, producteur vidéo et ex-grand reporter à « 5 colonnes à la Une ».
C'est donc en 1982 que les premières images de synthèse au format vidéo ont été produites en France, grâce à un ordinateur Apple IIe à double lecteur-enregistreur de disquettes 360 Ko (le disque dur et la souris ne seront dans le domaine grand public que quelques années plus tard), au premier terminal graphique Jupiter 7 importé des USA, et à un magnétoscope ¾ de pouce BVU de Sony. Tout restait à développer : nous écrivions en Pascal nos programmes de palette graphique, François paramétrait « la » Jupiter 7 pour la rendre compatible avec le BVU et exploiter au mieux ses fabuleuses capacités : 8 plans de 768 x 576 pixels en 256 couleurs parmi 16 millions, génération de 50 trames/seconde !!!
Et les innovations allaient se succéder : animations 2D en temps réel contrôlées par un potentiomètre, enregistrement image par image sur un BVU (impossible, d'après Sony...), interpolation automatique d'images, incrustation d'acteurs sur décors animés (pour l'émission Pixifoly, au début), programme de « lipping » permettant d'animer en temps réel un visage 2D grâce au son d'un micro... En 1985, absorbée par un important groupe vidéo, la société est devenue « EAG - Image Intégrale » et s'est beaucoup plus orientée vers l'exploitation des nouvelles techniques d'effets spéciaux vidéo, des régies numériques Grass Valley, de la 3D et des palettes graphiques sophistiquées de type Mirage.
Voir aussi
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Pixi foly (générique) sur You tube
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