Sogitec

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Historique

De l'imprimerie à l'audiovisuel

Christian Mons et Jacques Game, dirigeants de Sogitec, en 1980

Sogitec ("Société Générale d'Impression TEChnique") est au départ une imprimerie créée en 1964 par le père de Jacques Game.

A la mort de son père, Jacques Game reprend l'affaire, la développe et la modernise avec son ami Christian Mons. La mise en oeuvre de technologies informatiques associées à la photocomposition en font un acteur important dans le domaine des journaux de petites annonces, et du "Pre Press". A l'époque cela implique l'utilisation de moyens informatiques lourds (IBM 370 et systèmes de traitement de texte et de numérisation III)


A la fin des années 70 Sogitec travaille principalement pour l'avionneur Dassault pour qui elle met en page de la documentation technique papier. Elle se diversifie aussi vers l'audio-visuel puis vers la simulation.

Les débuts de la simulation

La division simulation de Sogitec est créée en 1977. Elle croit très vite puisqu'en 1982 elle représente 55 à 60% du chiffre d'affaires de Sogitec et emploie 200 personnes.

En 1980 Sogitec gagne un gros contrat avec Dassault pour lui fournir des simulateurs de vol : simulateur de mission avec un système de génération d’image, ce qui était très innovant.

Pour réaliser le système de génération d’images temps réel, Sogitec se tourne d'abord vers les Etats-Unis et passe un contrat avec la société Triple I (Information International Inc) de Gary Demos et John Withney. Mais ceux-ci sont plus artistes qu'industriels et se révèlent incapables de fournir le système. Sogitec décide alors (1981) de développer sa propre technologie sous la direction de Claude Méchoulam, bientôt assisté par Alain Behar. Dans son audition devant le groupe de travail préparant le rapport "Recherche image" le 19 mai 1982, Christian Mons déclare que Sogitec a investit 12 MF en 1981 et 1982 dans le développement de ces systèmes de génération synthétique d'image et que 30 ingénieurs spécialisés y travaillent.

Un autre gros travail sera de développer une base de données de terrain de 400 km de côté

(Voir: "Sogitec, les débuts de l'image de synthèse en 1981", le témoignage d'Alain Grach)

Les débuts de la synthèse 3D pour la création

Le département audiovisuel de Sogitec produit des films de formation sur la maintenance des avions et utilise les images de synthèse. Xavier Nicolas qui y travaille comprend tout le potentiel qu'il est possible de tirer de ces systèmes pour la création. Il convainc Jacques Game et Claude Méchoulam de mettre les systèmes à la disposition des créatifs la nuit et le week end. C'est ainsi que Sogitec est la première société française à produire dès 1982 des films en images de synthèse en utilisant la nuit les ordinateurs qui travaillaient pour la simulation et la formation le jour. Le premier sera Maison vole qui fait aussi appel à du son de synthèse grâce au générateur synthétique de son 4X fabriqué par la Sogitec à partir de travaux de l'IRCAM..

L'essor avec un centre dédié à la 3D

En 1984 Sogitec ouvre officiellement un centre de production de films en images de synthèse et s'équipe d'un ordinateur Perkin Elmer dédié à cette activité, financé en grande partie par le Plan gouvernemental "Recherche Image".

Chez Sogitec Audiovisuel en 1985

En 1984 Sogitec est intégré au groupe Dassault.

Plusieurs sources évoquent le fait que la création de TDI puis d'ExMachina qui aboutiront à l'arrêt de l'activité "image de synthèse 3D" de la Sogitec aurait été voulue par le Président de la République François Mitterrand, lui-même, qui ne voulait pas que l'Etat continue à subventionner fortement une Sogitec, fleuron de l'image 3D française, tombée entre les mains d'un de ses plus farouches opposants politiques, Serge Dassault.


Sur la bande démo soumise à Eurographics 1985 la note technique précise : Perkin Elmer 3200mps, Evans&Sutherland PS300 temps réel, 2 mémoires d'image, transfert 35mm ou vidéo. Logiciel entièrement développé par Sogitec : objets 3D sans limite de complexité, 16 millions de couleurs, multiples sources de lumière, animation de tous les éléments.


Sogitec développe aussi des interfaces avec les logiciels de CAO pour ouvrir de nouveaux marchés. Avec Euclid (utilisé en interne pour la modélisation d'objets complexes) ce qui donne lieu à la réalisation d'images fixes pour Omega; puis avec Catia.

En 1987 Sogitec revendique (Dossiers de l'audiovisuel n°15, septembre 1987 p.27)

minutes d'animation en
images de synthèse
chiffre d'affaires
en millions de Francs
1984 20 6
1985 27 9
1986 35 12

En 1987-88 développement d'un nouveau logiciel Opium, développé par David Salesin pour la partie Rendu, Phil Brock pour la gestion de l' interface graphique, et Frédérique Cross pour l' animation. Pour montrer ses possibilités Jerzy Kular réalise Jumpin' Jacques Splash!. Malgré cela le chiffre d'affaires serait retombé à 10 MF en 1988 (4% seulement du CA global de Sogitec) (Tech Images n°4 p.11).

En janvier 1989 la division de production d'images de synthèse de Sogitec fusionne avec TDI Images pour donner naissance à ExMachina.

La commercialisation du logiciel

En 1987 Sogitec souhaite suivre TDI et commercialiser son logiciel sur station Silicon Graphics.

Grâce à une subvention du Plan Recherche Image une Silicon Graphics (SGI) 4D70 est implantée à AII (ENSAD) avec le logiciel de la Sogitec sous le nom Action3D. Il ne semble pas y avoir eu d'autres implantations d'Action 3D hors de la Sogitec.

Fin 1988, alors que l'équipe de Sogitec part rejoindre TDI Image pour fonder ExMachina il est décidé de porter ce logiciel sur PC sous le nom "Opium". Le développement et la commercialisation en est confié à Xcom, société plutôt spécialisée jusqu'alors dans la 2D. Ce choix semble curieux au moment où TDI abandonne la version d'Explore sur PC et où tous les fabricants de logiciel se tournent vers SGI. Quelques stations Opium seront cependant vendues, en particulier à Z-A.

Collaborateurs

  • En 1982 l'équipe chargée de la mise en place du simulateur de vol (essentiellement la saisie de la base de données de terrain de 400 km x 400 km) est composée, sous la direction de Claude Méchoulam, assisté d'Alain Behar, de : Alain Grach, Daniel Poiroux, Jean-Luc Savarino, viennent ensuite Dominique Pochat, Luc Genevriez et Christian Foucher . Xavier Nicolas est alors graphiste dans le département audiovisuel.
  • En 1984 première session de formation sur le logiciel Dig , sous la direction de Eric Mises-Rosenfeld ( qui a eu la fastidieuse tache d'écrire la documentation ). Les participants sont : Pascale Ville, Philippe Billion , Eric Randall
  • Bande démo 1984: Annick Auffret, Bill Aylward, Alain Béhar, Véronique Damien, Christian Foucher, Alain Grach, Georges Kular, Françoise Laporte, Claude Méchoulam, Xavier Nicolas, Dominique Pochat, Daniel Poiroux. (A l'époque Jean-Luc Savarino est encore dans la division simulateur et ne démissionnera de Sogitec Industries pour rejoindre Sogitec Audiovisuel que quelques mois plus tard)
  • L'équipe en 1984:
De gauche à droite à l'arrière : Alain Behar, Dominique Pochat, Véronique Damien, Jerzy Kular, Claude Méchoulam, Alain Grach, Annick Auffret, Daniel Poiroux. A l'avant : Xavier Nicolas, Christian Foucher, Eric Mises-Rosenfeld, Françoise Laporte, Bill Aylward.
  • En 1985 arrivee de Frederic Schmidt et Pierrick Brault
  • En 1986 (générique de la cassette "Computer animation magic") :

Bill Aylward, Alain Béhar, Tristan Bejanov, Philippe Billion, Allen Bouchilloux, Pierrick Brault, François Cornu, Véronique Damien, Hervé Dhorne, Elisabeth Drieu, Christian Foucher, Maya Filipeau, Luc Genevriez, Alain Grach, Joel Guerineau, Jean-François Henry, Pierre Jacunelli, Georges Kular, Françoise Laporte, Laurent Lavaur, Hervé Loizeau, Eric Mises, Olivier Multon, Xavier Nicolas, Jean Claude et Angélique Pochat, Daniel Poiroux, Eric Randall, Bertrand Robert, Pascal Roulin, David Salesin, Jean-Luc Savarino, Pascale Ville, Pascal Vuong.

Réalisations

  • 1983
  • 1984
    • publicités pour Canon, Restore, Texaco, Natwest Bank, l'APEC ( Réal. Jean Michel Girones )
    • décor du générique de l'émission Pixifoly (TF1), sortie temps réel du simulateur
  • 1985
    • publicités pour Uniden , Fuji, Shell
    • Parayana est un projet artistique sponsorisé par Octet ( Daniel Populus ) et mis en image par Daniel Poiroux
  • 1986
    • publicités pour Doloderm, Air France, Challenge France
    • L'Unique, effets spéciaux du film de Jérôme Diamant-Berger
    • Peugeot Proxima de Pascal Roulin utilisant pour la première fois les données d'une caméra pilotée par ordinateur.
  • 1987
    • Collaboration avec Luc Besson sur le film Le Grand Bleu. Il s'agissait d'un test d'une animation de banc de poisson.
    • publicité pour Fiera de Milano
    • Passion de l'Oreal réalisé par Francis Grosjean
    • "Le Chant des Etoiles" réalisé par Michel Meyer ( Film en collaboration avec TDI )
  • 1988

Galerie

Image de la base de terrain du simulateur GI-1000 de la Sogitec en 1984
Image produite en temps réel par le simulateur GI-1000 de la Sogitec en 1984

Morceaux choisis

Illustration de l'article de F. Coupigny.
Image "embellie" par rapport aux capacités du simulateur à l'époque (cf commentaires de C. Méchoulam ci-dessous)
Des figures géométriques simples des jeux vidéo aux images réalistes à haute résolution dont la fabrication nécessite un assez long temps de calcul sur ordinateur, le champ couvert aujourd'hui par la synthèse des images est vaste et touche de nombreux domaines d'activité. L'un des plus spectaculaires est peut-être la réalisation des simulateurs de vol pour la formation de pilotes d'avions civils ou militaires.

Il s'agit, en effet de concilier dans ce cas le réalisme et la qualité des images avec leur synthèse en temps réel au rythme de vingt-cinq images par seconde.

Cela exige la mise en oeuvre de processeurs graphiques spécialisés de très grande puissance tel le GI 1000 de la société Sogitec qui peut effectuer jusqu'à 40 millions d'opérations par seconde. Le système GI 1000 restitue l'environnement extérieur avec son paysage, son relief, ses constructions dans différentes conditions de visibilité (brume, brouillard, éclairement). La base de données disponible permet de simuler une évolution aérienne sur une zone de quatre cents kilomètres de coté.

La simulation par ordinateur peut aussi être utilisée pour la formation à la navigation maritime ou encore à l'entraînement des astronautes. C'est un domaine en plein essor dans lequel la France est actuellement bien placée notamment avec les travaux de Thomson et de Sogitec.

(Francis Coupigny - La Recherche, mai 1983)

L’image présentée ne pouvait pas être calculée en temps réel ; en 1983, il était hors de question de présenter un avion, avec reflets (Phong), transparence sur la verrière, peut-être des textures sur le paysage. Elle a été calculée spécialement, probablement pour un dossier de presse. L’Alphajet avait été créé dans le cadre d’une production sur les vrilles de l’Alphajet pour Dassault. Le paysage est celui qui servait à la simulation, mais je pense que nous l’avions un peu enrichi.

Il reste très peu de documents sur le système temps réel GI 1000. L’essentiel est dans l’article de La Recherche. La figure 6 présente un contenu qui pouvait être présentée en temps réel, mais avec un antialiasing que le GI1000 n’avait pas : tout était calculé en 512x512.

Courrier de Claude Méchoulam, 23 novembre 2008


Xavier Nicolas est responsable du centre de production du film en images de synthèse qui s'est ouvert au début de l'année 1984 à la SOGITEC. Ce centre dispose d'un savoir-faire antérieur acquis en simulation et en génération par ordinateur image par image : deux atouts considérables.

La Sogitec a conçu un logiciel "généraliste" qui permet de réaliser des travaux très divers et pouvant, le cas échéant, bénéficier des extensions nécessaires pour des textures ou "rendus" particuliers. Les possibilités de ce logiciel sont uniques en Europe (2.048 lignes, 8 bits de codage par couleur, 16 millions de teintes virtuelles) : reflets, transparence, ombres portées et multi-éclairament. Les commandes publicitaires proviennent de France, d'Europe et depuis peu des USA. La moitié de la production Sogitec est destinée à l'étranger.

Principales réalisations : les spots GDF (INF 14), Mitsubishi, Sharp, Société Lyonnaise de Banque, BNP, "Histoire à la Une" (TF 1), "Electronic now" (Renault). A l'heure actuelle, les problèmes de "rendus" concernent la représentation des végétaux, des fluides ou du corps humain : les premières réponses apportées proviennent des techniques de texture complexe, des fractals et du ray-tracing. Il est clair que de plus en plus on privilégiera le mélange des scènes réelles et des images de synthèse.

(actes de la Semaine internationale de l'Image électronique, CESTA, Biarritz, 21-25 mai 1984)

Voir aussi